De nos jours, les gentils ont la vie dure. Quand on pose des gestes par simple amabilité, on devient aussitôt un suspect, une personne qui cache des choses, un individu louche qui doit faire l’objet d’une enquête.

Dans ce monde individualiste, il est presque rendu anormal de dire « bonjour » à son voisin, de rendre service à un inconnu ou de complimenter une connaissance. Quand on se montre coupable de bonté, on se fait souvent accueillir avec scepticisme, avec une attitude défensive.

Les « fins » ne sont pas seulement perçus comme une espèce rare et bizarre. Dans leur dos, on murmure qu’ils sont faibles ou naïfs. « Il est trop smatte » ou « Elle est beaucoup trop fine », entend-on à l’occasion.

Quand, exactement, la gentillesse est-elle devenue un défaut ? Comment peut-on être trop gentil ? C’est de la folie !

La gentillesse : une définition

Au fait, qu’est-ce que la gentillesse ?

Selon mon ami Wikipédia, la gentillesse « est un comportement altruiste destiné à prendre soin des autres, tenant en compte la sensibilité d’autrui afin de ne pas le brusquer ou l’offusquer ». J’adore ce site web, mais je dois dire que cette définition n’est pas sa meilleure. Come on, Wiki !

Laisse-moi te présenter la définition tirée de Hugopédia : « La gentillesse est une vertu qui consiste à être aimable et sympathique avec soi-même et dans ses relations avec autrui avec une intention sincère et désintéressée ».

J’ai mis certains mots clés en caractères gras, afin de bien les distinguer.

  • Vertu : La gentillesse est une qualité suprême, au même titre que l’authenticité, l’humilité, la sagesse, et j’en passe !
  • Soi-même : On doit tous commencer par être gentils avec soi-même. C’est la base.
  • Autrui : C’est simple à comprendre.
  • Sincère et désintéressée : On est aimable et sympathique quand on n’attend rien en retour, pas même un « merci ». Tu le fais uniquement parce que ça te fait du bien.

Une question d’intention

Dans ma définition, j’ai aussi placé le mot « intention » en caractères gras. Avec un soulignement, en plus. C’est dire son importance…

Dans la vie, tout part d’une intention. Je le répète ad nauseam. Chacun de nos gestes, chacune de nos actions ou paroles doit naître d’une bonne intention.

Pour savoir si ton action est basée sur une bonne volonté, pose-toi ces deux questions :

  • Quelle est mon intention ?
  • Est-ce que c’est bien ce que je veux ?

Si ton intention répond à ce que tu désires, alors GO ! Sinon, passe ton tour.

Mon analyse sur le terrain

Chaque fois que j’écris un article, je le rattache à une expérience vécue. Avant de parler de la gentillesse, j’ai donc fait quelques tests sur le terrain pour étayer mon argumentaire.

Test no 1

Il y a quelque temps, j’ai commencé à souhaiter « bonne journée » le matin à des personnes sur mes réseaux sociaux. Parmi eux, il y avait des individus que je connais très bien, d’autres, un peu, et d’autres qui sont des connaissances très éloignées. J’ai tenu cette routine pendant plusieurs semaines. Après quelques jours, mes observations étaient claires :

  • Tout le monde avait lu mes messages.
  • Plusieurs ne m’ont jamais répondu.
  • Ceux qui ont répondu me trouvaient suspect après quelques jours (même mes amis !).
  • Plusieurs pensaient que j’avais de mauvaises intentions, soit des intentions non sincères et intéressées (l’inverse de ma définition).
  • Quelques-uns croyaient même que je voulais leur causer du tort.

Est-ce si menaçant, en 2022, de saluer les gens ? Est-ce qu’on peut le faire sans arrière-pensée, pas par séduction ni intimidation, uniquement par bienveillance ?

Certainement, oui !

Test no 2

Je me considère comme un gentil dans la vie. Pour mon second test, j’ai toutefois décidé d’élever mon jeu d’un cran.

Chaque fois que je rencontrais une personne que je connaissais peu ou pas du tout, je lui demandais « Comment ça va ? » Ensuite, en poursuivant la discussion, je glissais un compliment.

Par exemple, j’ai demandé au caissier à l’épicerie comment il allait. Déjà, j’ai pu observer des réactions curieuses chez les autres clients. J’ai enchaîné rapidement avec un compliment : « Tu es très gentil de m’avoir servi ! » Les gens étaient pantois! J’ai eu peur que le préposé à la sécurité vienne m’arrêter.

Plus d’exemples ? À une personne croisée dans un stationnement, j’ai dit que sa voiture était belle. Sur la piste, j’ai arrêté quelqu’un pour lui confier que j’adorais ses skis.

Même si aucun de mes commentaires n’était suspect ou trop intime, les gens étaient toujours mal à l’aise. C’est comme si on décochait une flèche chaque fois qu’on lâchait un compliment.

Pourtant, en tout temps, je pensais profondément ce que j’avançais et j’étais très heureux de distribuer ces louanges. Mon intention était vraie. Je visais à faire plaisir à l’autre.

Conseils pour apprivoiser la gentillesse

Depuis notre enfance, nous avons été blessés par l’humain. Nous avons appris que la vie était difficile et qu’il fallait se méfier des autres pour éviter de souffrir. C’est pour cette raison que nous acceptons à reculons les élans de bonté. On a le réflexe de se dire qu’une personne gentille nous cache nécessairement d’autres intentions.

Nous devons déconstruire ce réflexe, qui est un fléau pour notre société. Il faut plutôt vivre dans l’acceptation de la gentillesse et profiter de cette abondance d’amour.

Tu ne crois pas que le monde se porterait mieux si on arrêtait de se méfier des autres ?

En guise de conclusion, voici mes conseils pour ceux et celles qui ont de la difficulté à recevoir de la gentillesse :

  • La vie est simple. La vie est belle. Alors, accepte-la et accueille-la !
  • Dis merci.
  • C’est beau et contagieux !
  • Sois gentil toi aussi. Si ton intention est sincère et désintéressée, vas-y ! Sème la gentillesse !

Tu es gentil de m’avoir lu jusqu’au bout 😉

 

Hugo Dubé

Coach & Conférencier